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Pascale, Bruxelles BELClick here for more stories

Chaque première fois est toujours une histoire.

Je me souviens du premier baiser, volé à l’orée d’un bois un jour de soleil, de la première paire de collants Dim, et bien plus tard, de la première leçon de tango, avec un séducteur de quartier auquel un foulard mal noué et des cheveux noirs gominés donnaient un faux air argentin, et qui me susurrait à chaque pas : « allons, allons, soyez sensuelle, que diable ! » Depuis, il y a eu plein d’autres « premières fois tango » : le premier bal, la première vraie paire de chaussures, etc.

Et puis il y a eu le premier marathon. Il ne se raconte pas. A peine se laisse-t-il deviner derrière ces clichés qui l’évoquent de façon malhabile.
Minuit : les cris de joie, les coupes de champagne, et la première danse de l’an 2003, une valse, si belle qu’on ne l’oubliera pas, pleine de la promesse d’autres valses, d’autres marathons.

Des couples dansent, qu’on devine à travers l’arche creusée dans le mur. La lumière - rouge, bleue - leur fait une auréole, la pénombre les protège, les berce, comme une autre musique. Personne ne connaîtra leur histoire. Et quand ils quittent la piste, c’est dans le silence, dans le recueillement de la danse, qui ne prend fin qu’au buffet, dans le bruit des assiettes, des conversations :
-« un morceau de gâteau ?
-« un peu de vin ? »
Des danseurs allongés dans des fauteuils esquissent un sourire fatigué, d’autres bavardent sur un banc entouré de verdure, dans un décor mi-jardin XVIII°, mi-patio andalou. Là-haut, sur la mezzanine, certains se sont endormis, des femmes massent leurs pieds endoloris. La nuit sera longue.

Dehors aussi, c’est la fête : les feux d’artifice fusent de tous côtés de la ville, des enfants allument des pétards, les plus grands, un peu trop gais, tanguent le long du pont en chantant.

Ce marathon-là, c’est le mien, le tien, le vôtre.Depuis, j’ai encore connu d’autres premières fois : j’ai embouti ma voiture. Mais cela est une autre histoire.
 

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